Ethologie

Qu’est-ce que l’éthologie?


L’éthologie est une discipline relativement récente, apparue dans la deuxième moitié du XXème siècle. C’est un domaine complexe qui s’appuie sur plusieurs branches des sciences biologiques.

Si l’on s’intéresse à l’étymologie, le terme « éthologie » vient du grec : ethos = mœurs et logos = savoir. La définition simple est donc l’étude des mœurs, des coutumes et des us.


1. Définition

L’éthologie n’est pas une science, mais une discipline scientifique faisant partie des sciences biologiques, qui s’appuie sur la théorie de l’évolution. L’objet d’étude étant le comportement, nous la définissons comme l’étude de la biologie du comportement.

L’éthologie est l’étude du comportement animal, tel qu’il peut l’être observé en milieu sauvage, en captivité ou chez l’animal domestique.

Comme dans toute discipline scientifique, une étude d’éthologie commence par une question, puis se poursuit avec la formulation d’hypothèses et de prédictions, la mise en place d’un protocole d’étude, la collecte de données, leur analyse et finalement leur interprétation.

L’observation et la description précise sont des compétences essentielles en éthologie, bien que cela puisse sembler banal, cela nécessite beaucoup d’entraînement. L’interprétation peut être difficile car il est important d’éviter l’anthropomorphisme, c’est-à-dire d’attribuer aux animaux des réactions et des sentiments qui sont propres à l’espèce humaine. Par exemple, il est incorrect de dire que « mon chien est jaloux » ou « il se venge car je suis partie quelques heures ».

Afin de pouvoir observer les comportements, il est essentiel de comprendre ce qu’est un comportement. Un comportement peut être défini comme une réponse à un stimulus, qu’il soit interne ou externe, et qui est observable par un congénère. Le comportement contribue également au maintien de l’homéostasie, c’est-à-dire la stabilisation des caractéristiques physiologiques de l’individu. Par exemple, lorsque la température corporelle baisse, le sujet peut frissonner, ce qui diminue la sensation de froid. Dans ce cas, le comportement observable est le frisson. Cependant, lorsque les compétences de régulation de l’individu sont dépassées, il peut se produire des comportements stéréotypés tels que la mutilation, le léchage compulsif ou encore le fait de tourner sur soi-même. Ces comportements sont souvent observés en réponse à un stress important et peuvent être le signe que l’individu est en détresse.

Il est essentiel de bien comprendre l’espèce ou les espèces étudiées avant de commencer une étude. Pour ce faire, nous élaborons un éthogramme, c’est l’ensemble des informations qui caractérisent le comportement d’une espèce. Plus simplement, il consiste à dresser un inventaire des comportements d’une espèce.

Pour finir l’éthologie s’organise autour de 4 grandes questions, définies par l’un des fondateurs de cette discipline : Nikolaas Tinbergen en 1963 :

  • Quelles sont les causes (immédiates) du comportement ? LA CAUSALITE
  • Quelle est sa valeur de survie (utilisation fonctionnelle) ? LA FONCTION
  • Comment s’est-il mis en place au cours de la vie de l’individu (apprentissage, …) ? L’ONTOGENESE
  • Comment s’est-il mis en place au cours de l’évolution de l’espèce (sélection sexuelle) ? L’EVOLUTION

2. Précurseurs et fondateurs

L’éthologie est née grâce à l’apport de nombreux scientifiques qui ont chacun contribué avec leurs connaissances et leur savoir. Les premiers précurseurs incluent Stuart Mill, qui considérait le comportement comme un trait individuel, Isidore Geoffroy Saint Hilaire, un zoologue qui a proposé une première définition de l’éthologie, et William Morton Wheeler, un entomologiste et embryologiste qui a vulgarisé la définition de l’éthologie.

Par la suite, Jakob Von Uexküll a effectué des travaux importants sur le monde de la perception, une notion clé en éthologie. Un zoologiste allemand, Oskar Heinroth, a appliqué les principes de l’anatomie comparée à l’étude des comportements, et a été le mentor de Konrad Lorenz, l’un des fondateurs de la discipline. Karl Von Frisch, un neurophysiologiste, est surtout connu pour avoir décrypté le langage des abeilles.

Nous allons maintenant évoquer les fondateurs de l’éthologie :

  • Konrad Zacharias Lorenz (sur la photo de couverture de l’article), zoologiste, connu notamment pour sa célèbre étude sur ses oies mettant en lumière l’apprentissage innée et le phénomène d’empreinte. Nous lui devons également l’outil d’éthogramme.  
  • Nikolaas Tinbergen à qui nous devons les 4 questions fondamentales de l’éthologie, ainsi que les notions de stimulus déclencheurs et supra normal. Il a décroché un Prix Nobel en 1973.
  • David Lambert Lack, ornithologue, qui a travaillé sur les questions des territoires chez les oiseaux.

En parallèle de tous ces scientifiques s’est développé une approche que l’on nomme le Behaviorisme. Le behaviorisme est une approche de la psychologie qui se concentre sur les comportements observables et mesurables. Nous pouvons citer parmi les scientifiques de ce courant le célèbre Ivan Petrovitch Pavlov avec son expérience sur le conditionnement classique sur le chien, mais également Burrhus Frederic Skinner connu lui pour ses expériences sur le conditionnement opérant et l’apprentissage par essai-erreur. Ces deux scientifiques régissent encore aujourd’hui les principales méthodes en comportement canin.

En résumé, de nombreux scientifiques, aux compétences diverses, ont contribué à la création de cette discipline scientifique, et cet article ne les cite pas tous.

3. Amalgame entre éthologie et équitation éthologique

En France, même aujourd’hui, lorsqu’on demande aux gens ce qu’est l’éthologie, la réponse la plus courante est souvent : « Ce n’est pas le truc avec les chevaux là ? ». Pour beaucoup de personnes, le terme éthologie est associé à l’équitation. Il existe bien une discipline équine qui se nomme équitation éthologique et les enseignants de cette branche sont parfois appelés éthologues à tort.

Un éthologue est scientifique diplômé au minimum d’un master (bac +5), voire d’un doctorat (bac +7) pour les chercheurs en éthologie, dans les rares universités proposant ce cursus. Alors qu’un professionnel en équitation éthologique met en pratique des méthodes d’éducation et dressage avec une formation tout autre et parfois avec une brève formation ou initiation en éthologie.

Néanmoins, oui l’équitation éthologique s’est mise en place après un travail de la part des éthologues en observant et analysant le comportement des chevaux. Ce qui a permis de définir des concepts et des méthodes d’éducation, basés sur les observations et analyses éthologiques, spécifiques à cette espèce. En réalité, ces deux métiers sont totalement différents, mais bien complémentaires !

Il convient toutefois de faire attention à l’utilisation abusive de l’adjectif « éthologique », qui est souvent mal employé pour qualifier certains produits tels que des pensions, des élevages ou des accessoires, y compris dans le monde canin et félin.

Pour comprendre un peu mieux l’équitation éthologique :

4. Corrélation avec notion de bien-être

L’éthologie est étroitement liée au bien-être animal, un sujet de plus en plus important dans le monde. Les éthologues sont en quelque sorte les garants et les évaluateurs du bien-être animal. Pour évaluer le bien-être animal, il existe trois types de critères : le fonctionnement biologique, la vie naturelle et les états affectifs des animaux.

En 1965, le gouvernement britannique, a mis en place les 5 libertés (règles sur le bien-être animal), sous la direction du professeur en science Roger Brambell. Ces 5 libertés sont communément appelés Five freedoms, qui sont un animal n’a pas à souffrir :

  1. De la soif, la faim et la malnutrition
  2. Le confort et un abri inapproprié
  3. De douleurs, blessures ou de maladie
  4. Il doit afficher les modèles les plus normaux de comportement
  5. De la peur

Au fil des années ces 5 libertés ont évolués et sont maintenant des règles de l’union européenne. Par la suite elles ont été élargies aux Five freedoms +2 surtout destinés aux animaux de rente, un animal ne doit pas souffrir :

  1. De la soif, la faim et la malnutrition
  2. De douleurs, de blessures ou de la maladie
  3. De l’inconfort thermique ou physique
  4. De la peur et de la détresse
  5. Exprimer des modèles de comportement normaux
  6. Du stress ou des souffrances lorsqu’ils sont transportés
  7. Du stress ou des souffrances lorsqu’ils sont abattus

Plusieurs méthodes sont utilisées pour évaluer le bien-être animal selon ces différentes perspectives :

  • La santé physique est un préalable,
  • Les caractéristiques de production peuvent servir d’indicateurs de bien-être, mais ne sont pas suffisant,
  • Les indicateurs physiologiques découlent de la psychologie du stress,
  • Les indicateurs comportementaux de bien-être sont souvent des critères très pertinents.

Pour résumer les buts de l’éthologie, pour les animaux domestiques et d’élevage sont :

  • Définir les compétences des différentes races d’espèces domestiques
  • Donner des outils pour objectiver le bien-être et le mal-être
  • Evaluer les capacités cognitives et les états mentaux des espèces
  • Contribuer à définir les normes d’élevage
  • Sélectionner des races appropriées sur des critères comportementaux

J’espère que cet article à pu vous aider à comprendre ce qu’est l’éthologie, surtout qu’elle est son but et la place importante que cette discipline peut avoir dans le monde!

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