L’anxiété de séparation chez le chien
L’anxiété de séparation est actuellement l’un des troubles comportementaux les plus couramment évoqués lors des consultations avec des professionnels spécialisés en comportement canin. Toutefois, il est important de comprendre en quoi consiste réellement ce trouble.
1. Définition
L’anxiété de séparation est un trouble comportemental qui se manifeste par des signes de détresse lorsque le chien est séparé de la ou des personnes auxquelles il est étroitement attaché.
Il est courant de confondre ce trouble avec le stress ou la phobie de l’isolement, qui se caractérisent également par des signes de détresse lorsque le chien est seul. Cependant, dans le cas de l’anxiété de séparation, il y a une notion d’hyperattachement, souvent envers une personne en particulier.
L’hyperattachement correspond à une dépendance excessive envers une personne, le chien recherchant sans cesse le contact avec elle pour se sentir en sécurité.
2. Comment se manifeste-t-elle?
Lorsqu’un chien est laissé seul à la maison, il existe plusieurs signes qui peuvent indiquer qu’il souffre d’anxiété de séparation. Le chien peut présenter un ou plusieurs des symptômes suivants :
- Malpropreté
- Destruction
- Vocalises
- Salivation ou vomissements
- Léchage compulsif, pouvant entraîner des plaies de léchage.
Dès les premiers signes de départ tels que la prise des clés de voiture ou la mise des chaussures, la plupart des chiens présentent des signes de stress. Parmi les manifestations les plus courantes, on peut observer des aboiements, une posture basse, des gémissements, et bien d’autres encore.
L’anxiété de séparation étant liée à l’hyperattachement, il est fréquent d’observer des signes même en présence des maîtres. Les chiens souffrant de ce trouble sont souvent qualifiés de « pot-de-colle » car ils sollicitent en permanence la personne à laquelle ils sont attachés. Cela peut se manifester même lors des promenades, où le chien ne s’éloigne jamais trop loin de son maître.
3. Origine de l’anxiété de séparation
Au cours des premières semaines de sa vie, un chiot est complètement dépendant des soins maternels. Un lien apaisant se crée donc entre la mère et les chiots, appelé l’attachement primaire.
Cependant, vers l’âge de 3 mois, la mère commence progressivement à ne plus répondre à toutes les sollicitations du chiot, le repoussant et le poussant à dormir plus loin d’elle. Cette période est appelée le détachement et permet au chiot d’acquérir une autonomie émotionnelle.
Lorsque nous accueillons un chiot à la maison, le travail de détachement n’est souvent pas achevé, surtout lorsque les chiots sont enlevés trop rapidement de leur mère. Nous avons tendance à répondre à toutes les sollicitations du chiot, à essayer de le laisser le moins possible seul à la maison et à le chouchouter en général. Le chiot lui s’attache rapidement à une ou plusieurs personnes dans le foyer. Tout cela peut avoir des conséquences sur la vie future du chiot, car le détachement n’est pas effectué correctement et peut entraîner un hyperattachement, qui à son tour peut conduire à une anxiété de séparation.
Il est également possible que ce trouble apparaisse suite à un traumatisme émotionnel tel que la maltraitance ou la dépression, dans ce cas-là, on parle d’hyperattachement secondaire.
4. Conseil pour prévenir et traiter
Il est préférable de prévenir l’apparition de l’anxiété de séparation plutôt que de la traiter. Voici quelques conseils à suivre lors de l’arrivée d’un chiot ou même d’un chien adulte :
- Ne pas changer ses habitudes quotidiennes (par exemple, ne pas prendre de vacances délibérément pour l’arrivée du chien) afin de l’habituer à rester seul, de manière progressive bien sûr.
- Ne pas répondre systématiquement aux sollicitations du chien. Il est important d’être souvent à l’initiative des contacts (l’appeler pour un câlin, des caresses, jouer), même si cela se produit 2 minutes après sa sollicitation.
- Apprendre au chien à aller à son panier lorsqu’il suit constamment son maître.
- Ne pas instaurer de rituels de départ et de retour.
Si vous observez des symptômes de l’anxiété de séparation chez votre chien, voici quelques mesures à prendre :
- Consulter un vétérinaire pour écarter une cause médicale, surtout si votre chien présente des plaies.
- Mettre en place une thérapie de détachement progressive. Il ne faut jamais brusquer les choses, surtout dans le cas de ce type de trouble, au risque d’augmenter le stress.
- Supprimer ou bousculer les rituels de départ et de retour, qui peuvent renforcer l’anxiété du chien, même s’il s’agit de caresses pour le rassurer.
- Ne pas répondre aux sollicitations du chien.
- Éviter de gronder ou d’infliger des réprimandes à votre chien, car cela peut augmenter son stress dans de nombreux cas.
- Dans le cas de destruction, évitez de gronder votre chien à votre retour et de nettoyer devant lui, même si ce n’est pas toujours facile à faire.
En cas d’anxiété de séparation déjà bien installée, il est recommandé de faire appel à un professionnel spécialisé en comportement canin pour obtenir les meilleurs conseils et éviter d’aggraver la situation.
Le pronostic du traitement est généralement favorable, il ne faut donc pas s’inquiéter. Avec de la patience et de la bonne volonté, les choses peuvent revenir à la normale.